PLAN IGN
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Vous voilà prêt à attaquer les routes et cols empruntés régulièrement par les coureurs du Tour de France – là où ont eu lieu des combat inoubliables, des défaillances, des attaques de légende….
ViaCluny.fr est une composante des Chemins de Cluny, « Grand itinéraire culturel » du Conseil de l’Europe, parcourant les paysages inspirants et le patrimoine hérité de la prestigieuse abbaye de Cluny.
Ce nouvel itinéraire thématique constitue la jonction Est – Ouest entre deux grands axes des Chemins de Compostelle et remplit le vide existant entre des itinéraires actuels tels que la Via Jacobi et la Via Francigena, en traversant des territoires aux paysages surprenants et variés. Il offre aux randonneurs venus d’Allemagne et du Nord de l’Europe la possibilité de traverser l’arc jurassien pour rejoindre le chemin de Compostelle à Cluny puis continuer en direction du Puy-en-Velay. Il invite à la découverte d’un patrimoine culturel et artistique ainsi qu’au ressourcement.
ViaCluny.fr vous invite à partir sur les pas des bâtisseurs des sites clunisiens, entre Suisse et France, en passant par le massif du Jura et la Bourgogne.
ViaCluny.fr a été pensé pour permettre à chacun de profiter de cette aventure, que vous souhaitiez parcourir les 550 km de cet itinéraire de grande randonnée de Payerne à Cluny, ou simplement d’en emprunter quelques tronçons. Adeptes des balades tranquilles, des boucles à découvrir à la journée vous sont également proposées alors que vous, les curieux désireux de découvrir l’héritage clunisien et plus largement le patrimoine et les richesses des territoires traversés, trouverez également de quoi satisfaire vos envies.
Randonneurs avides de marche, de découvertes naturelles et culturelles mais aussi de ressourcement : posez vos pas dans ceux des pèlerins d’autrefois…
PLAN IGN
PHOTOS AERIENNES / IGN
CARTE DES PENTES (PLAN IGN)
Sous la protection de son imposante et élégante collégiale Notre-Dame, qui domine la plaine et le Doubs, Dole a conservé la force monumentale de l’ancienne capitale de la Franche-Comté qu’elle a été à partir du 14ème siècle. On oublie trop souvent qu’elle fut terre de l’Empire des Habsbourg d’Autriche et d’Espagne, et non de la France, jusqu’à sa conquête par Louis XIV en 1674.
Détruite en 1479 par Louis XI, elle retrouva sa place de capitale sous les Habsbourg jusqu’à la conquête française qui lui fit perdre son parlement, établi en 1377, et son université. Vauban fit détruire ses fortifications en 1688 mais il reste quelques vestiges de l’enceinte fortifiée du 16ème siècle, près du Musée des Beaux-arts aux riches collections. Dole a conservé un patrimoine bâti remarquable, avec de beaux hôtels particuliers construits du 16ème au 18ème siècle pour les familles aristocratiques ou des bourgeois aisés, sans oublier son remarquable Hôtel-Dieu (actuelle Médiathèque). Dole fut aussi une ville d’artisans, tels les tanneurs comme le père de Louis Pasteur, dont on peut visiter la maison natale. Le quartier des tanneurs, baigné par le Doubs et doté de nombreux petits restaurants, est particulièrement agréable.
Dole a aussi un passé clunisien lui valant d’être sur ViaCluny.fr. Le collège Saint-Jérôme (ensuite couvent de la Visitation et aujourd’hui Auditorium Karl Riepp) était l’un des trois collèges de langue française de l’Ordre de Cluny (avec Paris et Avignon). L’Ordre y formait ses moines, bénéficiant de la présence d’une université créée en 1423 par Philippe le Bon. La chapelle de ce collège, fondé en 1494 par Antoine de Roche, prieur de Cluny, abrite un ensemble remarquable de statues du cycle des apôtres et des prophètes, commandé par Antoine de Roche sur le modèle de celles initialement prévues pour Cluny.
Dans cette « Ville d’Art et d’Histoire », des plaques de laiton illustrées du chat perché placées au sol guident nos pas sur le circuit d’environ 4 kilomètres qui doit son nom aux Contes du chat perché de l’écrivain jurassien Marcel Aymé (1963) qui fit ses études à Dole. Près de la collégiale, la mystérieuse Grande fontaine, endroit insolite mentionné dès 1274, lui a inspiré son roman Le Moulin de la Sourdine.
L’histoire et l’évolution de Poligny sont intimement liées à sa position entre plaine et plateau, sur de très anciens chemins. Les ressources du sous-sol, (gypse, sel, marbre de Miéry) celles des sols favorables à la viticulture, à l’agriculture, à l’élevage et à la sylviculture, et le dense réseau des ruisseaux ont généré une profusion de mises en valeur à Poligny.
La ville et ses environs conservent un ensemble d’architecture médiévale parmi les plus remarquables de Franche-Comté : les anciens prieurés clunisiens Notre-Dame-de-Mouthier-Vieillard (11ème-13ème siècles) et Notre-Dame de Vaux (13ème siècle), Notre-Dame des Jacobins (13ème siècle) et surtout la collégiale Saint-Hippolyte, édifiée entre 1415 et 1440 dans une harmonie sublime. Colette de Corbie trouva auprès du duc Jean sans Peur le soutien qui permit à une communauté de Clarisses de s’implanter dans la cité, Poligny dépendant en effet au Moyen Âge des ducs-comtes de Bourgogne. Administrateurs hors pair, amis des arts, ils offrirent à la ville des monuments exceptionnels pour lesquels ils firent appel aux plus grands artistes de l’époque et développèrent également un vignoble de qualité.
Plus tard, la ville, centre administratif et judiciaire, connut un renouveau et une extension dont témoignent de nombreux hôtels particuliers, donnant une grande unité au centre-ville qui abrite également une série de belles fontaines et quelques statues intéressantes. Capitale du Comté, elle accueille la Maison du Comté et est le point de départ d’une boucle de randonnée proposée en parallèle de l’itinéraire de ViaCluny.fr la reliant à Vaux-sur-Poligny.
En 1020, le premier comte de Bourgogne, Otte-Guillaume implante le château de Poligny à Grimont et fonde un petit monastère à Vaux. En 1029, son fils Raynaud donne cette cella à Cluny : ainsi commence l’histoire clunisienne de Vaux. Au 12ème siècle, le prieuré de Vaux, dont dépend celui de Montrond, est le premier du Jura par ses revenus et accueille 15 à 18 moines dont les prieurs sont nommés chambriers pour la province clunisienne d’Allemagne. En 1479, les troupes de Louis XI brûlent le prieuré, reconstruit en gothique flamboyant. Antoine de Roche († 1505), l’un de ses profès, deviendra grand prieur de Cluny et fondera à Dole le collège Saint-Jérôme pour former les moines clunisiens. Après les troubles du 17ème siècle, les bâtiments du monastère qui suit la stricte réforme bénédictine de Saint-Vanne sont reconstruits dans le style mauriste. Fermé à la Révolution, il abrite dès 1820 un séminaire avant de servir d’hôpital militaire en 1917, de rouvrir dès 1922 comme séminaire puis, de 1962 à 2009, comme collège privé !
De cette histoire mouvementée, Vaux garde d’impressionnants bâtiments dont les toitures aux tuiles vernissées surmontées de frises en fonte de Baudin illuminent la reculée de Vaux. Des éléments architecturaux et sculptés intéressants méritent le détour, comme la chapelle, propriété de la commune de Vaux, ainsi que le château : à découvrir en empruntant la boucle de randonnée reliant Vaux et Poligny proposée en parallèle de l’itinéraire de ViaCluny.fr.
Impossible d’oublier l’impression ressentie en arrivant à Baume-les-Messieurs tant tout est démesuré ici. Blottie au fond de la vallée entre de hautes falaises, l’abbaye paraît bien minuscule, et pourtant…
Les grottes ont été fréquentées par l’homme dès la Préhistoire mais il faut attendre 869 pour que le nom de Baume apparaisse dans les textes : Lothaire II, roi de Bourgogne, confie alors à l’archevêque de Besançon la cellula de Baume et l’abbatiola de Château-Chalon. En fait, les récentes recherches archéologiques conduites à Baume révèlent que les bâtiments conventuels du haut Moyen Âge étaient déjà d’importance, avec des fenêtres ornées de vitraux aux motifs géométriques : le monastère a-t-il été fondé, comme Gigny et Cluny, dans un domaine préexistant ? En tout cas, Bernon, abbé de Gigny, fait entrer Baume dans l’histoire lorsqu’il en reçoit en 890 la cellula. Selon la tradition, c’est avec six moines de Gigny et six de Baume qu’il partira fonder Cluny en 910.
L’abbaye de Baume a toujours cherché à marquer son indépendance par rapport à Cluny : puissante, bien dotée, elle passe en commende au 15ème siècle. Ses abbés successifs ont procédé à de nombreuses campagnes de construction et embellissements : l’état actuel de l’abbaye donne une bonne idée de l’articulation des espaces nécessaires à la vie des moines et les vestiges d’un décor fastueux, une statuaire de grand qualité, un retable remarquable offert par la Ville de Gand vers 1525 rappellent la splendeur passée de cette abbaye sécularisée en 1759. Les bâtiments sont désormais partagés entre divers propriétaires, publics et privés.
Autour de l’abbaye, les bâtiments du village conservent le souvenir des activités agricoles qui ont longtemps été indispensables à la vie des hommes. Durant des siècles, les paysans du plateau empruntaient le sentier très raide des Échelles de Crançot pour amener moudre leurs céréales au moulin banal de l’abbaye. Les touristes utilisent aujourd’hui ce chemin escarpé pour atteindre les belvédères d’où le regard plonge dans la reculée parcourue par le Dard qui jaillit des grottes en cascades et actionnait autrefois de nombreux moulins.
Baume-les-Messieurs aime les légendes… La chanson « Les trois cloches », immortalisée par Edit Piaf et les Compagnons de la chanson, qu’une légende tenace dit avoir été écrite à Baume-les-Messieurs, est en fait inspirée d’un chant populaire des montagnes du Valais. Elle a été écrite en 1939 en Suisse par le chansonnier Jean Villard, dit Gilles, qui n’est jamais venu à Baume-les-Messieurs. Dommage ! Il aurait dû : il aurait sans doute été impressionné ! Un site à découvrir en parcourant la boucle de randonnée associée proposée en parallèle de l’itinéraire de ViaCluny.fr.
Dans la commune de Gizia, dont elle domine le village, la colline de Châtel a été marquée par la présence des Bénédictins de Gigny de 974 à 1359 puisqu’une donation de Manassès III de Coligny fait de Châtel un prieuré bénédictin lié à l’abbaye de Gigny. L’abbaye de Cluny nomme alors « le prieur de Châtel », un moine de Gigny, tandis que l’église Saint-Etienne de Châtel devient le siège d’une vaste paroisse.
Après avoir abrité une communauté religieuse accueillant des retraites dans ce lieu calme, Châtel se cherche actuellement une nouvelle vocation… Laissez-vous guider par la boucle de randonnée proposée en parallèle de l’itinéraire de ViaCluny.fr, au départ de ce site…
Monastère en pleine activité, fondé en 885 par Bernon, un noble bourguignon, Gigny fournit les premiers moines et l’abbé de Cluny en 910. En effet, le duc Guillaume d’Aquitaine invite Bernon à fonder un monastère dans sa villa des bords de la Grosne : Cluny. Selon la tradition, Bernon associe six moines de Gigny et six de Baume à cette fondation ; Cluny allait devenir le centre le plus important de la chrétienté médiévale.
Au fil des siècles, les relations avec Cluny évoluent, Gigny devenant un simple prieuré mais conservant dix-huit prieurés et cinquante cures lui apportant des bénéfices. Des fouilles archéologiques ont permis d’en savoir un peu plus sur l’histoire de ce lieu emblématique.
L’ensemble de l’abbaye, autrefois enclose d’un mur de clôture, est classé au titre des Monuments Historiques. L’église a fait l’objet de restaurations importantes qui lui ont redonné sa grandeur passée. L’intérieur de l’édifice est très sobre. Les vitraux du 19ème siècle dialoguent avec ceux, très contemporains, commandés dans les années 1950 au grand peintre verrier Jacques Le Chevallier. On remarque aussi dans l’édifice des modillons sculptés, dont plusieurs têtes de bovins : faut-il y voir un écho au culte de saint Taurin, dont les reliques ont été accueillies à Gigny vers 919-925, permettant ainsi le développement de pèlerinages ? À l’extérieur, sous le toit, courent des modillons sculptés appartenant à la reprise du voûtement du 12ème siècle, caractéristiques du courant populaire qui s’est manifesté en Franche-Comté à cette époque.
L’abbaye a été sécularisée en 1760. Plusieurs beaux bâtiments subsistent et conservent leur aspect d’alors : maisons du chapitre, du chambrier et du prieur. La fontaine, autrefois sur la place du Chapitre, se trouve désormais sur la place du village, entourée des façades des nombreuses boutiques et ateliers d’artisans qui l’animaient encore au début du 20ème siècle. Un sentier du patrimoine doté de panneaux didactiques, ainsi qu’une boucle de randonnée à la journée proposée en parallèle de l’itinéraire de ViaCluny.fr, permettent d’approfondir la visite de ce village dont la structure est encore fortement marquée par les bâtiments de l’abbaye et dont de nombreux détails méritent le détour.
Le terroir de Gigny possédait autrefois un vignoble dont les fosses de plantation ont été retrouvées à l’occasion de fouilles archéologiques. L’historien de Gigny, Bernard Gaspard, indique qu’en 1788 les moines de Gigny tiraient de bons revenus de leurs vignes. Aujourd’hui l’élevage est destiné à la production de lait à Comté.
À une dizaine de kilomètres de l’abbaye de Cluny, dans les monts du Mâconnais, le domaine rural de Blanot succède à la villa donnée en 927 par Liébaud et Doda de Brancion à l’abbaye de Cluny. Un cellerier et un prévôt clunisiens y sont installés au 11ème siècle.
Le village actuel par lequel passe ViaCluny.fr reste organisé autour de l’église Saint-Martin et des bâtiments contigus : celui du 15ème siècle dit « prieuré », où logeaient probablement les gestionnaires du domaine clunisien, est séparé de l’église par une porte cochère, autrefois porterie du domaine.
Non loin de Blanot, au sommet du mont Saint-Romain, l’oratoire dédié au saint éponyme a été un lieu de repos et de méditation, fréquenté entre autres par l’abbé Pierre le Vénérable au 12ème siècle. Si rien ne subsiste de l’ermitage, le panorama que l’on découvre s’étend au Clunisois, au Mâconnais et au Châlonnais.
Au début du Xe siècle, naît en l'Église catholique la volonté de réformer l'ordre monastique. Cette restauration s'appuie sur la Règle de saint Benoît, un règlement qui régit dans ses moindres détails la vie monastique, pour respecter l'observance. Cette Règle initiée par saint Benoît de Nursie au VIe siècle connaît un important développement, notamment grâce à l'action de Benoît d'Aniane trois siècles plus tard. Mais elle est limitée par les traditions qui se développent dans les abbayes, et par la méconnaissance de la Règle. Cluny va alors s'imposer en groupant un nombre croissant de couvents, et va devenir le centre du plus important ordre monastique du Moyen Âge, rayonnant sur toute l'Europe.