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Entraygues signifie entre les eaux et se situe au confluent du Lot et de la Truyère à 219 m d’altitude. La cité aurait été fondée au milieu du Xe siècle. On appelle ses habitants les « Entrayols ». Le premier texte ancien signalant Inter Aguas est de 1097. Déjà au temps des Romains, le village représentait une position stratégique au carrefour des voies de communication et au croisement
des routes de l’Auvergne et de la vallée du Lot. La cité d’Entraygues-sur-Truyère, blottie entre les eaux du Lot et de la Truyère offre ses vieilles rues, cantous et ganelles, ses maisons à colombage et encorbellement des XVe et XVIe siècles, son château et ses deux ponts du XIIIe siècle.
Le Lot prend sa source au nord du Mont Lozère, à 1214 m d’altitude et se jette dans la Garonne, à Aiguillon, 481 km plus loin. Sa
vallée s’écoule ensuite vers le département du Lot et permet de rejoindre Conques. La Truyère prend sa source dans les Monts
de la Margeride et se jette, après un parcours de 170 km, dans le Lot à Entraygues. Plus sauvage que le Lot, ses gorges sont
profondes et sinueuses et ses rives peu accessibles mais elle offre de nombreux points de vue sur la route du Carladez au
Nord d’Entraygues. S’y dressent également plusieurs barrages.
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PHOTOS AERIENNES / IGN
CARTE DES PENTES (PLAN IGN)
Entre les maisons, s’élevait ici un pont-levis et une haute tour carrée abritant le « Portail Haut » qui était la grande porte d’entrée, au nord de la ville.
Le saviez-vous ?
Au rez-de-chaussée de presque chaque maison, subsistent de petites portes en bois qui ouvraient sur les cabanes à cochons. Jusqu’à la guerre de 1939-1945, chaque famille d’Entraygues élevait son cochon à
demeure. Leurs excréments, répandus dans la cité quand ils sortaient de leurs appentis, étaient recouverts de paille et de fougères. Le tout constituait un excellent fumier utilisé pour les vignes des coteaux alentours. Hélas, une partie de ce fumier s’infiltrait lentement dans le sol et les infiltrations de cette eau souillée dans les puits (200 à l’intérieur du village autrefois) causèrent de nombreuses et graves épidémies (typhoïde, choléra…).
Le mur d’enceinte se révèle et l’arrière des maisons, construites au XIXe siècle sur le Tour de Ville, s’appuie sur ce solide mur. C’est l’ancien chemin de ronde du village fortifié. De l’autre côté, sur l’actuel « Tour de Ville » se trouvait un fossé. Le passage Marcou est une « venelle » qui s’ouvre dans la rue de l’Horloge tout comme
l’impasse des Consuls.
Restent les vestiges d’une tour de défense autrefois importante : la meurtrière en est témoin. Il s’agit de la Tour « d’Escombels », la seule restante de ce côté, qui faisait partie des remparts de la Cité. Ces fortifications du Moyen Âge furent commencées au XIe siècle et terminées à la fin du XIVe. Elles comportaient un château fort et pas moins de 13 tours.
Il y avait ici une école mixte entre le XIVe et le XVIIe siècle. Après les guerres de religions, les enfants ont été séparés.
Elle s’appelle ainsi car elle se trouvait à droite de la place Majeure (aujourd’hui place Albert Castanié). C’était autrefois la rue commerçante, l’artère de la Cité où se tenaient les boutiques et les artisans. De très nombreuses maisons ont conservé les marques du passé. Les maisons « des riches », toutes en pierres, recouvertes de crépi depuis. Et les maisons « des pauvres » avec le soubassement en pierres, puis montées ensuite avec du torchis, soutenu par des colombages de bois. Il existe encore de belles portes avec leur marteau, leurs clous forgés et ciselés, aux encadrements de pierres taillées, de belles façades de jetées bâties à colombages.
Au n°8 de la rue Droite, ce curieux portail en bois de noyer date du XVIe siècle. Il a été classé en 1927 et comportait 2 marteaux : celui du bas pour les piétons et celui du haut pour les cavaliers. Au n°1 de la rue, il reste un exemple de ce qu’étaient autrefois ces nombreuses petites boutiques, les échoppes, avec une porte
centrale encadrée de socles de pierre permettant la présentation des marchandises.
Celle-ci s’appela, tout d’abord, place Mage c’est-à-dire place Majeure, ou place principale de la forteresse. On y arrivait par la porte sud ou « Portail Bas ». Elle servait de place du marché et de place des assemblées générales lors des nombreuses élections.
Le saviez-vous ?
Après la guerre de 1939-1945, elle prit le nom de place Albert Castanié en mémoire du chef de la résistance locale tué en juin 1944 par les allemands sur la route de Golinhac. Sur cette route, au « Belvédère
de l’Igue Grande » dominant Entraygues face au confluent, un monument porte les noms des victimes
de cette triste époque.
Dans la belle maison Renaissance (Poterie du Merle), Marguerite de Valois dite « La Reine Margot » aurait passé la nuit du 27 septembre 1585, lors de sa fuite, suite à sa rupture avec son mari Henri de Navarre, futur Henri IV. Elle aurait entonné un chant marial (chant dédié à la Vierge Marie) le lendemain dans la chapelle Notre Dame du Pontet avant de s’acheminer vers la forteresse de Carlat (Cantal). À l’angle gauche de cette demeure, sur l’échelle de graduation, sont reportés les niveaux des inondations de 1782 à 2003.
Aujourd’hui elle n’existe plus. Elle se trouvait entre le débouché de la rue de l’Horloge et la maison d'en face.
Elle surmontait un portail large de 6 mètres et abritait une « Piéta » du XVe siècle, la Vierge du Portail Bas, qui s’appela d’abord Nostra Dona del Dol (Notre Dame du Deuil). La tour fut démolie en 1860 pour récupérer les
pierres devant servir à la construction de l’église actuelle. À cette occasion la Piéta fut récupérée et placée dans une petite niche au-dessus du magasin.
Elle est ainsi nommée, car de petits arbustes (les bédisses) y poussaient autrefois avant la construction du quai par les prisonniers espagnols de Napoléon 1er.
Le saviez-vous ?
La Bédisse, située hors des murs de la ville, était sous Louis XIV, un lieu de rixe. Au bout du quai, il reste encore 3 gros anneaux, derniers vestiges d’une longue histoire : la navigation sur le Lot et le flottage du bois. Cette rivière fut toujours une voie navigable, mais seulement officiellement jusqu’au 10 juillet 1835, par Ordonnance Royale, lorsque la basse vallée du Lot fut aménagée.
Dès 1551, Entraygues était un gros port et disposait de 20 à 25 bateaux qui portaient à Cahors, situé à 30 lieues, du vin, du fromage, du seigle et du bois… Il n’y avait pas de routes et le trafic se faisait par le Lot. Au XVIIIe siècle, on utilisait cette voie 6 mois par an, de novembre à avril, lorsque la rivière était « marchande ». En 1794 existait à Entraygues un Syndic de la Marine. Les grands bateaux utilisés alors, les « Gabarres », pouvaient transporter de 18 à 27 tonnes. Ils étaient vendus avec leur chargement, notamment des merrains (planches de bois pour fabriquer les douves des tonneaux) lorsqu’ils arrivaient à Cahors. Ils étaient
ensuite envoyés vers Bordeaux. Dans le courant du XIXe siècle, remontaient de Bordeaux épices et la
fameuse morue séchée et fumée, « stockfisch ». Les Occitans remplacèrent ce terme par « estofis ».
Le plat préparé avec des pommes de terre s’appelle « l’estofinada ». Au début du XXe siècle vivait
encore à Entraygues le dernier responsable de la navigation sur le Lot, Turlan, dénommé l’Amiral, mort
en 1912.
Le coup de grâce fut donné au transport fluvial par le développement du chemin de fer, puis
du système routier à la fin du XIXe siècle.
C’est en 1278 qu’Henri II, comte de Rodez et vicomte de Carlat, se rendit compte de l’avantage que présentait l’endroit pour la défense de la cité. Il acquit la terre et entreprit la construction du Château qui se termina en 1282. Il fit donc bâtir 3 grosses tours séparées, surmontées de créneaux, et des corps de bâtiment rectangulaires à 2 étages, l’ensemble formait un magnifique édifice : une forteresse militaire ! Il subit de très nombreux sièges mais se révélait imprenable.
Malheureusement, au cours d’un épisode douloureux des guerres de religion, un capitaine huguenot, qui se nommait « Gentil », serait parvenu, par ruse, à s’emparer du château qu’il assiégeait en vain depuis plusieurs jours. À court de munitions, il fit creuser des sapes (tranchées sous un mur pour le renverser). Il y fit placer des tonneaux remplis de sable prétendant qu’il s’agissait de poudre ! Les assiégés capitulèrent le
4 septembre 1587 et le château fut condamné au rasement en 1604. Entre 1654 et 1658, le nouveau propriétaire, Henri de Montvallat, fit reconstruire, en partie, le château tel qu’il se présente aujourd’hui. En effet, il reste du XIIIe siècle, l’escalier central, les 2 tours qui ont été restaurées par endroits, et une salle voutée au rez-de-chaussée.
Le Château restera la propriété des De Montvallat durant plus d’un siècle, jusqu’à la Révolution. Il fut vendu en 1796 à Jean-Joseph Saury, officier de santé. À présent, il appartient à une communauté religieuse diocésaine, les Sœurs de Saint-Joseph de Clairvaux et abrite une école primaire privée (l’internat a été transformé en centre d’hébergement).
Au confluent du Lot et de la Truyère, « La Peyrade » était autrefois un secteur pavé, pour le port, descendant jusqu’au bord de l’eau.
Ce petit portail ouvre les remparts pour sortir côté Truyère. Les restes du mur de fortification du chemin de ronde sont visibles ainsi qu’une belle maison moyenâgeuse. Dans la petite ruelle de droite, les vestiges de ces fortifications laissent apparaître leur architecture dite « mur lité » et en encorbellements.
Au numéro 25 de la rue Basse cette ancienne tour de défense reste bien conservée et donne une idée de la forme que pouvait avoir la cité entourée de ses remparts. À proximité, au bout de l’impasse du château derrière le portail s’élève le château entre ses 2 tours. (Privé, le château ne se visite pas)
C’est la plus caractéristique, la mieux conservée, au niveau le plus bas, donc la première à ressentir les effets des crues. Au N°9 se situe la maison d’un ancien maître de bateau. Dans la marine nationale à l’époque c’était un marin d'eau douce, naviguant sur rivières et canaux, généralement sur une péniche assurant le transport des marchandises. (source © : D. Chatry 1997)
Dans cette belle demeure ancienne, étaient abritées les religieuses franciscaines garde malades, dont le dévouement reste dans les mémoires des anciens.
Le saviez-vous ?
À ses débuts, la place de l’église s’appelait place Neuve. La première grande demeure, à l’angle de la place (n°3), fut construite par le Comte de Montvallat pour sa maîtresse. En 1680, la chapelle construite grâce au
legs de Déodat de Laparra devient église paroissiale. Elle a été reconstruite en 1860, presqu’au même endroit, avec une orientation différente.
La nouvelle église, de la fin du XIXe siècle est simple et dépouillée. Restaurée en 1960, dans le bas-côté, près de l’autel de la Vierge, sur un pilier, se trouve une plaque en la mémoire de Déodat de Laparra, grand bienfaiteur d’Entraygues.
L’orgue a été acheté à Saint-Maur-des-Fossés en 2011 et inauguré le 11 mai 2014.
Une belle porte romane, décorée d’une guirlande d’Oves, s’ouvrait autrefois sur la rue. Datant de 1570, c’était la porte d’entrée de la chapelle de l’hôpital, devenu plus tard monastère des Ursulines. Aujourd’hui, c’est
l’emplacement du presbytère et de l’école publique. Autrefois rue Esquerre, c’était celle où demeurait la bourgeoisie de la cité.
Ce moulin vers lequel converge la Chaussée (qui mesure plus de 250 m) fut construit en 1373 sur l’initiative de
Déodat de Laparra. Longtemps pourvoyeur de farine, le moulin devint au début du XXe siècle, une petite usine
électrique. Aujourd’hui transformé en micro-centrale, ce fut la première « usine électrique » du département, qui s’éteint vers 1960, quand EDF prit la relève.
Sur l’emplacement de la grande maison de droite s’élevait la tour d’angle nord-ouest des remparts, dite « al caïre » (au coin). Elle servait de prison.
À droite derrière la tour Al Caïre, le passage du moulin est un des « Cantous » au sol pavé qui servait à la circulation des habitants et à l’intervention rapide de la garde vers les murs d’enceinte. Il mène à la Place de la République, dite avant 1914 « Lo fieiral dels porcs » (le foirail des cochons) avec, au centre, le monument aux morts.
Du XIIIe siècle, il fut construit par les frères Pontifes faisant partie de congrégations ayant pour mission
de construire des ponts. Il comportait une tour de péage à chaque extrémité et jusqu’au début du XXe siècle, des marchands et colporteurs se tenaient dans les refuges pour proposer, aux passants, leurs marchandises. Sa rénovation en 2018 a permis de mettre en avant les différents âges de ce monument : les 4 arches ogivales du XIIIe siècle ; le prolongement sur la rive gauche, la petite voûte en plein-cintre et les parapets qui eux datent du XIXe siècle et marquent la différence avec le Moyen Âge.
Sur le Lot, il fut construit à la fin du XIIIe siècle. Le Comte d’Armagnac le fit couper en 1388 afin d’empêcher le passage des routiers. Il semble avoir davantage souffert des caprices de la rivière que le pont de Truyère, la liste des nombreuses réparations connues le montre !